La détox, ce phénomène de mode taxé « bobo » qu’on voit fleurir un peu partout, est un mélange confus de deux termes naturopathiques bien différents : le jeûne thérapeutique qui est une technique de purification de l’organisme et la cure de désintoxication qui l’englobe, elle et d’autres techniques qui vont dans le même sens.
Le jeûne thérapeutique est une méthode qui doit mettre au repos le système digestif, en d’autres termes, on s’abstient de manger. Cette période d’abstinence permet à l’organisme de régénérer les cellules : nettoyage des vaisseaux, du milieu interstitiel (c’est-à-dire, le milieu dans lequel les cellules vivent), recyclage des déchets (substances toxiques, colles, cristaux…), élimination des toxines… Chose qu’il fait déjà en temps normal mais difficilement car il est suscité sans cesse. En effet, la digestion des nutriments, les émotions, le stress, la pollution, la sédentarité lui demandent un temps fou à gérer. Alors, lorsqu’on lui ôte l’étape longue et laborieuse de la « digestion des nutriments », l’organisme gagne un temps considérable et il l’utilisera pour se « détoxifier ».
Voilà l’explication de l’effet positif et indéniable du jeûne ou détox. En naturopathie, on considère cette technique comme faisant partie d’une cure, la première des 3 d’ailleurs, tant elle est importante : la cure de désintoxication. Il s’agit d’une cure où on conseillera une méthode pour désencrasser l’organisme, comme le jeûne thérapeutique, ou encore la monodiète (absorption d’un seul ou de 2 mêmes aliments sur 7 jours maximum). Le naturopathe classique conseillera au consultant cette cure pour commencer…
Mais ce n’est qu’une généralité. Une simplification exagérée qui n’a pas lieu d’être en naturopathie puisqu’on met toujours en avant la différence des terrains qui constituent la santé de l’individu. Chaque individu possède sa propre constitution physique avec son capital héréditaire unique, son histoire unique. Ce fait est le fondement même de la naturopathie.
C’est pourquoi les conseils généralisés ne peuvent exister dans le cadre de la naturopathie.
Il en va donc de même pour la « détox », le jeûne, la cure de désintoxication ou autre. Tout le monde ne peut pas forcément se permettre d’en faire une au risque d’aggraver son état.
Ce qui est le cas pour : les personnes diabétiques, épileptiques, toxicomanes (alcool, drogues), fatiguées, en burn-out, les personnes portant un stimulateur cardiaque, un organe étranger greffé, les personnes atteintes de maigreur due à une hyperthyroïdie active, de la maladie d’alzheimer, de la sclérose en plaques, d’un cancer généralisé, de colite ulcéreuse avancée, d’une maladie mentale qui rend difficile le contrôle de soi, les personnes qui ont subi un traumatisme lié à un accident, et bien sûr, les femmes enceintes.
Mais il y a des cas plus complexes où on devrait éviter de pratiquer le jeûne.
Dans notre civilisation stressée et polluée, les gens sont plus souvent en état de carence qu’autre chose. Etonnant quand on sait que l’obésité augmente mais c’est pourtant vrai. Si elle augmente, c’est à cause de la malbouffe synthétique répartie tout le long de la journée mais elle n’apporte pas les nutriments de qualité nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme, d’où la carence.
La carence en minéraux, en vitamines est sérieuse. Lorsqu’on manque d’un oligoélément, des réactions en cascade s’enchaînent. Le château de cartes s’effondre car il manque une carte et chaque carte est vitale pour le château. Il en va de même pour les minéraux et les vitamines qui sont très liés entre eux. Sans oublier les oméga 3 qui font partie des carences les plus connues.
Face à la carence, le jeûne est déconseillé. Idem pour la cure de désintoxication. La priorité revient alors à la cure de revitalisation, celle qui va combler ces carences et qui va apporter l’énergie, essentielle pour faire tenir l’organisme debout.
Comment voit-on les carences ? Par le biais d’un bilan naturopathique, iridologique. On pense aussi au bilan sanguin (mais rien de tel qu’une bonne analyse iridologique). La fatigue physique est un symptôme qu’on retrouve très souvent derrière les carences.
Mais ça ne suffit pas. En effet, il existe un cas d’individu très carencé qui ne ressent rien d’anormal. Au contraire, pour eux, tout va très bien, leur énergie est forte, ils sont super motivés dans ce qu’ils font, ils n’arrêtent pas de bouger, certains se dopent au café, ils se couchent tard, c’est la fête presque tous les soirs… En naturopathie, on dit que ces personnes sont en diathèse 1. Ce qui n’est pas mauvais signe en soi, mais voilà, le problème, c’est que certains d’entre eux se déconnectent de leur état physique réel et ils ne réalisent pas qu’ils sont au bord du gouffre. Et pour ces personnes-là, on oublie donc la détox. On préférera combler les carences et des exercices de qi gong.
Bref, pour conclure, avant de se précipiter à faire une détox, une seule chose à vérifier : connaître son état de santé. Et pour ça, rien de tel que d’aller voir un naturopathe…Ou d’étudier la naturopathie!
Photo: http://www.espacoviryasp.files.wordpress.com/2014/11/sucos-detox-serve-pra-que-2.jpg
Tous droits réservés -Texte – 2016- Nathalie Jeandidier